Dans un shampoing ordinaire, on peut trouver du sodium lauryl sulfate (SLS). C’est un agent tensioactif, qui décape nos cheveux lors des lavages. Avec un peu plus de recherches, on peut facilement voir que les shampoings que l’on utilise n’ont rien de bon pour la santé. C’est aussi un polluant plastique non-négligeable. Avec plus de 550 millions de bouteilles plastiques jetées par an. Voilà donc un problème majeur, repéré par une jeune équipe de Français qui a trouvé la solution. Umaï!
Nous sommes donc partis à la découverte de ce projet. Voici une interview avec Célia Favre, co-fondatrice de Umaï. On vous laisse découvrir ce qui se cache derrière ce fameux shampoing solide !
Bonjour Célia, merci beaucoup de nous accorder ton temps. On imagine que toute l’équipe Umaï doit être assez demandée vu le succès que vous rencontrez, on ne va donc pas vous embêter trop longtemps.
Pour ceux qui ne vous connaissent pas, peux-tu expliquer qui se cache derrière le shampoing qui veut sauver la planète ? Comment vous êtes-vous rencontrés ? Quels sont vos postes respectifs ?
Alors déjà il faut savoir que nous sommes 4 dans l’équipe : Sara, Angéline, Emeric et moi-même. Avec Angéline, nous sommes amies depuis presque 10 ans. Nous sommes toutes les deux originaires d’Annecy en Haute-Savoie. Concernant Sara et Emeric, nous nous sommes rencontrés par un heureux hasard via le réseau Linkedin. Nous partagions les mêmes valeurs d’écologie et d’envie de faire bouger les choses! C’est ce qui nous a vite réunis, en plus de nos compétences très complémentaires.
Sara et Angéline forment le binôme de recherche et développement. Toutes les deux ingénieurs en formulation cosmétique, elles travaillent dans notre laboratoire à Montargis. Ce sont elles qui créent de A à Z les formules. Elles s’occupent également du sourcing de nos matières premières (toujours sélectionnées au plus proche), de la gestion de la production (à 20km seulement du labo) et de la partie réglementaire.
Emeric lui est spécialiste en développement durable. Il s’occupe notamment de la veille et de la recherche dans ce domaine, des finances et m’épaule sur la partie commerciale. Enfin pour ma part, j’ai une formation d’école de commerce. Je suis en charge du marketing au sens très large. Je m’occupe à la fois du concept produit, de toute la communication, de l’identité visuelle, des événements et un peu de la logistique également !
Et quand avez-vous commencé à travailler sur Umaï ? Pourquoi avez-vous choisi le shampoing solide comme premier produit ?
On a commencé à travailler sur le projet Umaï à l’automne 2018. Mais on s’est tous lancés à plein temps dans l’aventure en Janvier 2019. Ce qui nous a poussé à choisir le shampoing solide comme premier produit c’est qu’on y voyait vraiment une opportunité. Principalement de réduire drastiquement l’usage d’emballage plastique.
En effet le shampoing est un produit qu’on utilise tous. Toute notre vie et en grande quantité. Ce qui veut dire beaucoup de flacons en plastique jetés. Et surtout parce qu’on était persuadés qu’il était possible de faire un shampoing solide aussi écologique et zéro déchet qu’agréable à utiliser. Notamment pour ne pas avoir à faire de concessions ! On est persuadés que c’est une vraie alternative pratique que les consommateurs prendront plaisir à utiliser. Et ça c’est super important! Car si on veut que les choses changent, il faut que tout le monde soit convaincus et prenne plaisir à utiliser ces produits plus responsables.
D’ailleurs, que signifie Umaï ?
Umaï se sont les initiales de Une Marque A Impact. On a choisi ce nom car on parle souvent de produit avec 0 impact dans le monde de l’écologie. Pourtant nous ce qu’on a vraiment à cœur de faire c’est au contraire, de ne pas seulement avoir aucun impact sur la planète, mais bien d’avoir un impact, oui mais positif. Un impact positif sur la santé (pas d’ingrédients nocifs dans notre shampoing), sur la planète (pas de flacons plastiques) mais aussi sur l’industrie de la cosmétique en général en essayant de faire bouger les choses dans le bon sens plus rapidement !
En étant transparents sur l’origine de toutes nos matières premières on espère sensibiliser les consommateurs et forcer les grandes marques à l’être également. On espère que si plus de marques choisissent de se fournir en France, l’augmentation des volumes permettra également de faire diminuer les prix pour rendre la consommation responsable plus accessible !
En parlant de vos matières premières, comment avez-vous réussi à trouver tous les ingrédients naturels et de régions ?
Beaucoup de persévérance je dirais… Au départ quand Sara et Angéline ont commencé à contacter des fournisseurs de matières premières personne ne comprenait pourquoi on voulait seulement des ingrédients européens. On leur a expliqué que c’était pour réduire l’impact carbone des transports mais c’est vrai que cette démarche est loin d’être la norme dans l’industrie actuellement. On accorde plus d’importance à la rareté d’un ingrédient ou à ces propriétés exceptionnelles pour pouvoir raconter une belle histoire, exotique autour du produit et faire vendre ! Nous on ne s’est pas concentré sur ce côté marketing mais au contraire on a essayé de faire nos choix avec le plus de bon sens possible. On s’est dit : pourquoi aller chercher 30 ingrédients au bout du monde pour ensuite les assembler en France et en faire un produit made in France ?
Nous avons également fait le choix de réduire nos marges car forcément, des ingrédients plus locaux, cela coûte plus cher que des ingrédients faits en très grandes quantités en Asie… Mais nous avons pour le moment préféré privilégier la qualité, le sourcing de nos matières premières au plus proche et la réduction de notre empreinte carbone à des campagnes de publicités marketing par exemple. On est persuadé que si on fait les choses pour qu’elles soient bénéfiques au plus grand nombre et à notre planète et qu’on l’explique aux consommateurs, ils nous suivront.
Malgré cela, on a encore pas mal de travail, car cela reste très difficile, par exemple nous avons dans notre shampoing un ingrédient fait au États-Unis (notre agent lavant doux) car il n’existe à l’heure actuelle aucun substitut en Europe. Pourquoi ? Parce que ces agents lavant solides sont bien plus chers à développer que les agents lavants liquides. Les industriels peinent à les développer car la demande de la part des grands groupes ne suit pas… Nous poursuivons cependant des recherches et espérons bientôt pouvoir avoir une composition 100% européenne. C’est aussi ça faire bouger les choses !
Vous proposez le shampoing avec un packaging biodégradable. Peux-tu nous en dire plus sur ce choix.
Quand nous avons commencé à réfléchir au projet Umaï, nous souhaitions surtout ne pas être une marque de cosmétiques de plus qui crée davantage de nouveaux produits et du coup toujours plus de déchets et d’emballage. On voulait essayer d’aller jusqu’au bout de notre démarche et trouver un emballage qui lui-même ait un impact positif : c’est chose faite avec notre petit papier recyclé et ensemencé. C’est un papier qui contient de petites graines de fleurs sauvages. Lorsque vous n’en n’avez plus l’utilité, il vous suffit de le placer dans un peu de terre et de l’arroser pour qu’il laisse place à des petites fleurs qui vont à leur tour capturer du CO2 : la boucle est bouclée !
Ce shampoing est actuellement en prévente sur le site Ulule. Vous êtes il me semble à plus de 6000 préventes alors que vous aviez un objectif de 100. Comment expliquez-vous ce chiffre ?
On a lancé notre campagne en diffusant une vidéo explicative de toute notre démarche et de nos convictions. Cette vidéo on l’a vraiment écrite avec tout notre cœur et on avait un message fort à faire passer. Je crois qu’on avait à cœur de faire les « choses biens » de A à Z. Et surtout avec le plus de bon sens possible, de dire que la cosmétique responsable ne concerne pas que les femmes ; les hommes représentent la moitié de la planète, on compte sur eux pour nous aider à la sauver !
Et surtout dire qu’aujourd’hui avec beaucoup de volonté, il est possible de créer des produits aussi bon pour la planète qu’agréables à utiliser. Et enfin que les consommateurs sont prêts à changer si on leur propose des solutions convaincantes !
Tout ça en étant tout simplement nous-même. Je crois que ça a parlé aux personnes qui ont partagé notre vidéo très largement ! Grâce à ça, il y a plus de 800 000 vues de la vidéo en seulement 15 jours !
Que prévoyez-vous à moyen ou long terme pour Umaï ?
J’espère que ce n’est que le début de l’aventure Umaï. Aujourd’hui nombreuses sont les personnes qui sont prêtes à changer leurs habitudes pour mieux consommer ; on espère bien les accompagner dans ce changement ! On aimerait lancer rapidement d’autres produits pour continuer de vider les poubelles de nos salles de bain ; s’associer à des associations de protection de l’environnement pour avoir un rôle encore plus global et surtout continuer à innover en développant des matériaux durables pour nos packagings !